La Littérature
guinéenne en un clin d'oeil
Dans son introduction à la littérature guinéenne, l'auteur Tierno Monenembo affirme qu' « à de rares exceptions près, l'oralité est le fondement culturel guinéen [...] le véhicule du savoir et de la sagesse ». Si l'on excepte l'usage d'une écriture ésotérique par les Tomas, c'est avec l'alphabet arabe que l'écrit va se populariser en Guinée. Une transcription de la langue peuhle en caractères arabes apparaît d'ailleurs au cours du dix huitième siècle, mais cette incursion originale dans le monde de l'écriture va être sérieusement mise à mal par l'invasion des forces coloniales.
En dépit des guerres de résistance menées par les populations locales et par le légendaire Almamy Samory Touré (et bien d'autres chefs militaires), l'occupation française des "Rivières du Sud" est quasi complète à la fin du 19ème siècle. L'émergence d'une littérature écrite d'expression française ne remonte toutefois qu'à la fin de la seconde guerre mondiale avec la parution des poèmes de Keïta Fodeba et la publication de L'Enfant noir (1953), un ouvrage de Laye Camara critiqué par Mongo Beti pour la peinture stéréotypée de l'Afrique proposée par l'auteur mais largement étudié par les milieux littéraires et universitaires. D'autres auteurs apparaissent sur la scène littéraire guinéenne au cours des décennies suivantes: Mohamed Alioum Fantouré, Djibril Tamsir Niane, Williams Sassine, Roger Goto Zomou, Camara Kaba 41, et plus récemment encore Kiri di Bangoura ou Cheick Oumar Kante. Les nombreux écrits de Sékou Touré (qui a plongé le pays dans l'horreur après l'avoir tiré des griffes du colonialisme) peuvent être signalés, mais leur intérêt est moins littéraire qu'historique.
Bien qu'encore peu nombreuses, les écrivaines guinéennes ont publié elles aussi plusieurs livres intéressants : le roman de Sirah Baldé de Labé, une instututrice qui a été, dit-elle, « une pionnière de l'enseignement de la langue française de sexe féminin dans l'ancien royaume peuhl du Fouta-Djalloo, alors sous protectorat de la France » ; les autobiographies de Kesso Barry, qui était une des filles du dernier Almamy, et de Nadine Bari dont le mari a disparu assassiné sous le régime sanglant de Sékou Touré; les nouvelles de Marie Bernadette Ouédraogo Tiendrébéogo, les ouvrages d'Aïssatou Barry qui était médecin vétérinaire ou encore le roman Le Mariage par colis de Binta Ann, publié en 2004. Plus récemment encore (2005), Diasporama, l'excellente fresque familiale que propose Bilguissa Diallo